quarta-feira, outubro 27, 2010

La poésie d'André Kertesz au Jeu de Paume

Le Jeu de Paume rend hommage à André Kertesz, avec une grande rétrospective qui a ouvert ses portes mardi

L'exposition traverse la carrière d'un artiste qui a révolutionné la photo et inventé un univers complètement propre sans créer de "style" systématique ni se rattacher à aucune école.

André Kertèsz (1894-1985) a grandi en Hongrie et vécu l'effervescence artistique des années folles à Paris avant de connaître des années plus sombres à New York

L’exposition du Jeu de Paume est la première grande rétrospective parisienne de ce maître de la photographie, qui s’est toujours considéré comme un « amateur ». Il s’agit même « de la rétrospective la plus complète jamais organisée" sur le photographe, selon Michel Frizot, un des commissaires de l'exposition. Elle rassemble près de 300 tirages, pour l’essentiel des originaux ou des tirages réalisés par l’artiste lui-même.

L’exposition déroule 70 ans de création, de façon chronologique, depuis la « première photo » de Kertèsz, un jeune homme endormi, jusqu'aux étonnants polaroïds de la fin de sa vie. Dans la première image, qui date de 1917, on peut déjà voir la poésie qui va habiter toute son oeuver, ainsi que la rigueur de la composition qui va la caractériser. Kertèsz dira : « J’interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois mais ce que je ressens. »

Du jeune homme endormi sont présentées deux versions : le tirage-contact original et un tirage recadré. Kertèsz a constamment recoupé ses images, se concentrant parfois sur une infime partie qui l’intéressait plus que l’ensemble et lui donnait plus de force.

André Kertèsz est né en 1894 en Hongrie, où il passe une enfance et une jeunesse heureuses, malgré la mort précoce de son père. Il commence à photographier à 18 ans, réfractaire au pictorialisme dominant comme il a été réfractaire à l'école. L’exposition propose de nombreux contacts d’époque des images réalisées en Hongrie. On y trouve les thèmes qui parcourront son œuvre : les animaux, la campagne, les enfants. Déjà, il travaille de nuit, fixant les rues pavées de Budapest traversées par une ombre noire (1914). C’est lui qui, à Paris, initiera Brassaï à la photo nocturne.

Kertèsz travaille beaucoup avec son plus jeune frère, Jeno, qui lui sert de modèle pour ses expérimentations. Son « nageur sous l’eau » de 1917 annonce les Distorsions des années 1930.

Toute la puissance créatrice de Kertèsz va s’épanouir à Paris, où il débarque en 1925, en pleine effervescence artistique. Il porte un regard tout personnel et très moderne sur la ville, photographiant la Tour Eiffel dans la brume, depuis la fenêtre de son hôtel, ou derrière un amas de briques.

Le photographe fréquente assidument les ateliers des artistes de Montparnasse, dont il fait des portraits en creux, « en absence », les caractérisant par quelques détails, une sculpture, une étagère… Les lunettes et la pipe de Mondrian, posés sur une table, deviennent un symbole de la photographie moderne.

Kertèsz effectuait parfois plusieurs recadrages de la même photo : on peut voir au Jeu de Paume trois versions d’Elisabeth et moi, un autoportrait avec celle qui a partagé toute sa vie. Le contact d’origine, un recadrage large, et un, serré, où on ne voit plus que la moitié du visage de sa femme et sa main à lui, posée sur son épaule.

Le photographe aimait jouer avec l’ombre, celle-ci apparaissant parfois comme une espèce de double du sujet : les ombres des chaises au jardin, celle, symétrique d’un peintre en haut de son échelle, jusqu’à un superbe autoportrait en ombre.

Kertèsz invente, pendant ses années parisiennes, un nouveau langage photographique, avec ses ombres, ses vues rapprochées sur une fourchette et surtout ses distorsions. En pleine période surréaliste, il restera pourtant indépendant de tout courant, défendant seulement une vision personnelle. Les distorsions sont des nus révolutionnaires, pris à l’aide de miroirs déformants qui étirent, désagrègent ou contractent les corps.

Kertèsz voyait son travail photographique comme un « journal intime visuel». Et, paradoxalement, celui qui se défend de s’occuper de la réalité, va être le pionnier d’un nouveau métier, celui de reporter photo. Un reportage sur des moines trappistes le fait connaître en 1929. Dans les années qui suivent, il gagne sa vie en travaillant pour des magazines allemands et pour Vu. Il produit pour eux des images un peu décalées, plus évocatrices que documentaires. Dans la revue Art et médecine, Kertèsz illustre un article sur le surmenage scolaire avec des vues plongeantes sur des écoliers et leurs ombres.

Les années new-yorkaises seront plus sombres, dépressives même. Kertèsz y part en 1936 pour travailler pour l’agence Keystone. Un travail qui ne durera pas. Viennent les années de guerre : il est mis à l’écart car étranger. La photographie de mode et le reportage tel qu’il est pratiqué ne l’intéressent pas. Pour vivre, il travaille quand même pour une revue. Parallèlement, il continue un travail personnel sur New York, reprenant les thèmes déjà abordés à Paris.

Depuis sa fenêtre, il joue avec les cheminées, plonge sur les terrasses, les toits, les rues. Il les photographie sous la neige ou de nuit. Un « nuage égaré » ou des arbres hivernaux incarnent la solitude et la mélancolie d’un artiste qui n’a pas retrouvé à New York l’émulation et l’amitié d’une communauté d’artistes qui avaient porté son travail à Paris. Il reste pourtant et vivra presque cinquante ans aux Etats-Unis.

A l’occasion d’un voyage en France, en 1963, Kertèsz retrouve ses négatifs de Hongrie et de Paris qu’il avait abandonnés en 1936. Les années qui suivent il va sortir de l’oubli, son travail est reconnu dans le monde entier. De nombreux musées lui rendent hommage. Une « renaissance » qui l’encourage à poursuivre sa quête poétique dans la ville. L’exposition se clôt sur des polaroids réalisés les dernières années, en hommage à Elisabeth, décédée en 1977.

Kertèsz s’éteint à New York en 1985. Un an plus tôt, il avait légué ses négatifs et ses archives à la France.

André Kertèsz, Le Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris, 01-47-03-12-50

mardi: 12h-21h
mercredi à vendredi: 12h-19h
samedi-dimanche: 10h-19h

Tarifs: 7€ / 5€

jusqu'au 6 février 2011

FONTE: France 2

http://culture.france2.fr/

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