quinta-feira, abril 09, 2009

Henri Meschonnic est mort


Henri Meschonnic est mort
Par Baptiste Touverey
A l'origine était le rythme. Le rythme qui irrigue le langage et lui permet de transformer la vie. Si on l'oublie, on ne fait plus que nommer les choses, c'est-à-dire plaquer sur elles des mots. Henri Meschonnic, qui avait un peu la tête d'un chef d'orchestre fou, sommet du crâne dégarni et touffes de cheveux en pagaille sur les côtés, était obsédé par ce rythme salvateur et vivifiant. Il refusait la distinction entre la prose et le vers; pour lui, il n'y avait que le langage, un et indivisible. C'est pour cela qu'il traduisit avec prédilection la Bible, où, dans le texte hébraïque original, prose et vers ne font qu'un. Une traduction qui fit date. Il laisse une œuvre d'une abondance et d'une variété impressionnantes. Son dernier essai «Pour sortir du postmoderne» venait de paraître chez Klincksieck.

Mais, sous le traducteur révolutionnaire, l'éminent professeur de linguistique à l'Université de Paris-VIII, l'essayiste sans concession, il y avait avant tout un poète. Meschonnic est non seulement l'auteur de nombreux recueils, mais un penseur concevant tout sous l'angle poétique. Dans son dernier recueil, intitulé «De monde en monde» et sorti en janvier, il écrivait: «Je ne parle pas mes mots / ce sont mes mots qui me disent.» Sa vision intransigeante de la poésie lui avait fait prendre ses distances avec des poètes aussi reconnus qu'Yves Bonnefoy ou Michel Deguy. Il refusait une poésie qui se contente de célébrer le monde. Le poème, tel qu'il l'entendait, était «transformation d'une forme de vie par une forme de langage et d'une forme de langage par une forme de vie».
Henri Meschonnic est décédé le 8 avril 2009. Il avait 76 ans. Il sera inhumé mardi 14 avril à 15 heures au Père-Lachaise.

FONTE (foto incluída): nouvelobs.com - Paris,France

FOTO: Jacques Robert/Gallimard
Henri Meschonnic

Nenhum comentário:

Postar um comentário