domingo, abril 27, 2008

Samuel Taylor Coleridge, La Ballade du vieux marin

Samuel Taylor Coleridge, La Ballade du vieux marin

Samuel Taylor Coleridge n'est pas l'un des plus fameux poètes anglais sous nos latitudes. Le risque de voir le bouquin choir sur un des ces étals regroupant la si connue collection poésie NRF Gallimard, perdu au milieu de grands classiques est grand. Et l'on détournera la tête au profit d'un nom plus fameux, d'une couverture plus attrayante... voire on se dirigera vers un autre rayon, la poésie ne se vend pas, c'est notoire.
Pourtant, ce chantre du romantisme avant l'heure mériterait que l'on s'attarde, pour découvrir fut-ce la Ballade du vieux marin. Attention, on trouve bien d'autres textes (c'est marqué en sous-titre) mais La Ballade sera peut-être la plus représentative. Hissez donc la grand-voile, larguez les amarres, hisse et ho, hardi les gars, on prend le large.
Et justement, pour mieux le prendre, restons à quai. Chez Coleridge, on regarde l'horizon avec respect et envie. Quand on écoute le chant des mers, on le craint, mais avec le désir de l'embrasser, de l'étreindre. Les prémisses du romantisme sous-jacentes, déjà magnifiées, s'étalent devant nos yeux. Attention, pas celui fiévreux de déclarations, comme un Musset a pu nous l'injecter de force dans la cervelle. Ni celui dégénéré d'un Baudelaire enivré de songes et de vapeurs délétères. Non, ici, c'est celui qui s'adresse à une nature riche d'enseignements, de sagesse et d'émotion.
Le marin vous emportera dans ses souvenirs d'homme de mer et sans quitter la grève, vous voici voguant sur des flots inconnus. Et pas de ces voyages fantasmagoriques comme Baudelaire – encore lui – nous en a pondu. Non, un qui sent l'embrun et le sel, l'écume et le bois burinés par le soleil et la sueur des hommes. Un voyage authentique.
Car si la poésie est un art d'idéalisation, elle nécessite un travail, un labeur phénoménal, sur sa forme et son fond. Ainsi, en proposant une collection bilingue, Gallimard joue également sur un retour au texte qui nous entraîne à un aller-retour entre la traduction et les paroles de l'auteur. On navigue encore une fois, entre les sonorités coulantes d'un anglais ancien, parfois difficile à saisir sans s'appuyer sur la version française, mais en somme, la traversée est sans à-coups.
J'imagine que cette description peut inquiéter. La poésie, c'est une sensation sonore, plus encore quand on ne parle pas la langue d'origine. Mais voilà, Coleridge, c'est une pure découverte...
Pas de mièvreries, pas de sentimentalisme, pas de langage imbittable ou d'expressions retorses comme on le reproche aux textes contemporains. Ici, tout n'est que calme, luxe et volupté. Si l'expression s'agite, c'est que les vagues se déchaînent, si le feu se répand, c'est la panique à bord. Si l'on tombe sous le charme, c'est simplement que le texte est superbe. Et la traduction finement ciselée – à quelques « e » muets ratés près, cependant...
Inutile de livre une notice biographique de Samuel. Bien qu'elle soit fantastique et complexe. Une vie de poète partagée entre l'étude de la philosophie et la découverte de l'Allemagne.
Ce texte en vers, en strophes lascives, pulpeuses, voire charnelles, c'est un voyage entre les mots et les éléments. Ici, on ne détache rien de ce qu'il nomme. Le texte est rigoureux, implacable, et résolument tourné vers l'avenir, ce qui sera le mouvement d'en avant vers une nouvelle vision du monde.
À découvrir absolument.
Rédigé par Nicolas, le mercredi 23 avril 2008

FONTE (image include): Actualitté.com - France

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