terça-feira, dezembro 18, 2007

Mexique : voyage au Pays des nuages


Le mardi 18 décembre 2007
Mexique : voyage au Pays des nuages

Antoaneta Roman
Cyberpresse
Collaboration spéciale
Mixteca - zone montagneuse, sèche, parsemée d’agaves et d’arbres d’ocote, casuarina, genévrier, frêne, chêne, dans les états de Oaxaca, Guerrero et Puebla.

Son nom vient de Mixtlán, qui en nahua, langue des aztèques, signifie Lieu des nuages. Ñuu Savi en mixtèque – peuple de la pluie. Les pyramides mixtèques sont plutôt des légendes, enterrées par les natifs à l’arrivée des espagnols. Du Seigneur Huit Cerfs Griffe de Jaguar (Ocho Venado Garra de Jaguar, 1063 – 1115 et la Dame Six Singes Blouse de Guerre (Seis Mono Quexquémitl de Guerra), on sait à peine qu’ils étaient des puissants gouverneurs, dont les destins se sont croisés, selon les codiques découverts. Ocho Venado est arrivée à dominer les trois zonez de la Mixteca, Alta (Haute), Baja (Basse) et de la Costa (de la Côte). Mais la langue survit, comme beaucoup d’autres langues pré-coloniales, dans des villages aux noms sonores : Chazumba, Tlaxiaco, Teposcolula, Chalcatongo, Cosoltepec, Tonalá, où on tisse encore des huipil (robes brodées à la main) en couleurs vives, on fabrique des jolis pots en céramique, on tresse des chapeaux et des sacs en paille bleus, jaunes, rouges, violets ou bariolés, on peint des fleurs sur les sandales en cuir et surtout on suit le mouvement des nuages qui caressent les cimes des montagnes, les enveloppant des fois dans un brouillard épais. Le Pays de nuages et l’État de Oaxaca sont la petite patrie de la chanteuse-anthropologue Lila Downs, qui a visité Montréal à deux reprises et a des racines zapotèques.

Mon voyage avait un but et portait un nom : «Mujeres Poetas en el Pais de las Nubes» (Femmes poètes au Pays des nuages), XVe édition d’une rencontre entre la poésie en espagnol de tous les coins du monde et les communautés mixtèques de Oaxaca, organisée par le Centre de recherche de la culture mixtèque de Huajuapán de Léon, dont le principal animateur est le directeur du Centre, Emilio Fuego. La rencontre a eu lieu du 7 au 14 novembre, la soirée de clôture ayant lieu dans le magnifique Palais de Beaux Arts de la Ville de Mexique. En participant au cercle trilingue de poésie montréalais «Noches de poesía», j’ai appris d’une ancienne participante, Yolanda Duque, qu’ils acceptent des poètes de partout dans le monde, pas seulement des pays hispanophones. Après une correspondance assidue avec la poète et éditrice mexicaine Lina Zerón, qui fait partie depuis plusieurs années du comité d’organisation, j’ai été acceptée, entre autres 65 femmes de 20 pays, choisies parmi les 400 qui ont envoyé une sélection de dix poèmes, leur curriculum vitae et un essai sur la poésie. Puisque j’écris en plusieurs langues, j’ai envoyé des poèmes en français, espagnol et roumain. Le comité en a sélectionné quatre, en français et espagnol, qui sont apparus dans l’anthologie de la rencontre, pour laquelle chaque poète a payé 100 $ pour en avoir dix exemplaires.

MERCREDI LE 7 NOVEMBRE - J’ai quitté Montréal un matin frisquet, pour arriver au Mexique sous un soleil resplendissant. En atterrissant j’ai pu reconnaître Ixtaccihuatl, la montagne qu’on appelle «La femme endormie», amoureuse du guerrier Popocatepetl, devenu volcan à la tête enneigée. Le taxi «officiel» coûtait environ 15 $ et m’a emmenée en toute sécurité à l’hôtel situé au centre-ville. Le grillage de la belle église baroque avoisinante, San Hipólito, était somptueusement décoré. Sur l’autel se trouve l’image de San Judas Tadeo, grand faiseur de miracles nous a-t-on dit, même protecteur des migrants. Des étalages remplis de statuettes, bidons d’eau bénie, cierges et images saintes assurent le commerce de la foi dans la cour. À l’intérieur, des petites affiches annonçaient la collecte de dons pour la région de Tabasco, durement frappée par les inondations. Des fidèles s’approchaient de l’autel à genoux. Le bâtiment contigu à l’église, ex-couvent, monument historique du XVIe siècle, abritait des cafés Internet et l’Hostería del Bohemio, très pittoresque, avec des petites tables et chaises rustiques et de la musique en direct, dans l’ancien cloître. Une petite plaque mémoriale signalait l’endroit comme le premier établissement pour les personnes démentes en Amérique latine. Là, j’ai tout de suite fait la connaissance de Nina Thürler d’Argentine et Eva Cabo d’Espagne et dans ma chambre de Oana Avasilichioaei, poète canadienne d’origine... roumaine, comme moi, et montréalaise d’adoption aussi. Le premier soir, 25 poètes ont lu sur la scène du For Culturel «Hugo Arguelles» dans le joli quartier de Coyoacán. Gabriela, une chanteuse d’origine mixtèque très douée d’à peine 13 ans, a assuré les intermezzos musicaux entre les groupes, avec des chansons d’Oaxaca, accompagnées de deux guitares. La moitié des participantes étaient mexicaines de tous les états, y compris d’adoption, d’origine salvadorienne, colombienne ou espagnole, voire galicienne. L’autre moitié comprenait aussi des poètes d’origine mexicaine, portoricaine, colombienne ou vénézuelienne qui vivent aux États-Unis. Plus trois Espagnoles, une Franco-Espagnole de New York, des Costaricaines, Argentines, Chiliennes, une Brésilienne, la Bolivie était présente aussi. Deux Canadiennes d’origine roumaine, moi et Oana.

JEUDI LE 8 NOVEMBRE - Le matin suivant, on a pris la route vers le bourg de Huajuapán de Léon, siège principal de la rencontre. Nous y sommes arrivées après sept longues heures parmi les collines, les montagnes et les cactus, avec des ânes ça et là. Le Mexique profond, à perte de vue. Après être reparties chez des familles, on a ouvert le festival avec une lecture au Musée régional. Vendredi le 9, nous sommes reparties par groupes de 6-7 personnes vers des communautés pour y passer deux jours en rencontres, lectures et atelier de création littéraire. J’étais dans le groupe de Tlaxiaco, nous étions 7, du Mexique – Lizbeth, 20 ans; Karen, 28 ans; Yamilé, 60 ans; de la Colombie/Los Angeles – Antonieta, 45 ans; du Salvador/Ville de Méxique – Carmen, 30 ans, de l’Espagne - Lola, 50 ans; enfin, de la Roumanie/Canada, moi-même, 33 ans. Ensemble on couvrait 5 décennies et 3 continents, tellement d’expériences de vie. VENDREDI LE 9 NOVEMBRE - La première journée, nous l’avons passée dans le village de Chalcatongo, «Lieu du Chacalli» (une espèce de crevette qui n’existe plus, comme la lagune qui était son habitat). J’ai été ravie d’apprendre que la fabuleuse chanteuse-anthropologue méxicaine Lila Downs a des racines à Chalcatongo. Vers 11 h 30, nous sommes arrivées directement à l’école où étaient amassés des élèves de primaire et secondaire de plusieurs écoles (300 – 500 personnes), tous en uniformes différents : vert, bordeaux, rouge, marron, dans une immense cour couverte où le vent passait à sa guise. Juste devant nous, des petites filles en uniforme rouge du primaire «Melchor Ocampo» et…un chien. À la table d’honneur - des enfants qui avaient gagné le concours de récits de la région de Tlaxiaco, âgés de 7 à 13 ans. Nous avons alterné la lecture de nos poèmes avec celle de leurs contes, des histoires du lieu, qui dégageaient un charme naïf et ancestral en même temps : La sorcière, Le diable du bassin de Boquéron, Le pauvre monsieur…ce qui nous permettait de voir le monde à travers les yeux et l’imagination d’un enfant mixtèque. Puisque nous n’avions pas eu le temps de déjeuner, nous avons dévoré les petits biscuits sur la table sous les regards compréhensifs ou amusés de l’audience. Après la lecture, Antonieta a fait un appel au public de venir lire leurs propres poèmes, si quelqu’un en avait, et 2-3 enfants et adultes sont venus. Nous avons même eu le plaisir d’entendre quelques enseignantes chanter a cappella en mixtèque. Vers 14 h, nous étions affamées et essoufflées, en train de donner des autographes, de faire des photos avec tout le monde et de danser sur la musique des mariachis «Los chapulines» (les cigales, en langages local), dont les chemises portaient l’image de la Vierge traditionnelle de Guadalupe. Finalement on nous a emmené manger, j’ai essayé la sopa caldosa – une soupe de tomates avec des pâtes bouillies et les «entomatadas», tortillas avec une sauce tomate pas trop piquante, garnies d’un filet de boeuf très fin. À boire – jus de melon d’eau. Ils font des jus de tout là-bas! L’après-midi a été consacré à un atelier littéraire avec les «maestros» (enseignants) – 23 étaient restés. Nous avons passé 20 minutes avant dans une salle à préparer la stratégie : recours à la mémoire, avec les yeux fermés en laissant couler le flot des mots sans les choisir; une histoire à partir d’une phrase : Je viens d’un lieu qui…; pluie de mots, pour laquelle chaque personne présente suggère un mot; lecture de poèmes desquels chacun doit choisir un mot; cadavre exquis – poème pour lequel chacun écrit une phrase sans connaître les autres contributions. Les résultats ont dépassé de loin nos attentes, tous les participants se sont impliqués, ils ont tous écrit, tous ont lu, laissant s’entrevoir des vrais talents, des âmes sensibles à la nature et à leurs proches. Ils ont parlé de leurs joies, de leurs chagrins, de la contemplation et de la rudesse de la vie dans les montagnes. Une petite fille qui avait écrit juste des récits auparavant nous a fait un joli petit poème. Nous étions euphoriques, nous n’avions aucune idée de ce que nous allions faire ce matin-même et nous étions arrivées à émouvoir et toucher des gens qui ne nous connaissaient même pas, qui vivaient dans un monde complètement différent du nôtre. C’est ce que nous croyions au moins, car après l’atelier nous nous sentions tous si proches. Hélas, il fallait retourner à «L’héroïque ville de Tlaxiaco» - nom officiel. Nous avons pris un souper léger chez Eufemia, celle qui nous logeait toutes dans une énorme maison vers la périphérie de la ville, pendant ce qu’elle habitait au centre. Angél, notre guide prodigieux, nous a montré un peu le centre d’une ville qui était appelée dans son temps, au début du XXe «el Paris chico» - le petit Paris, pour la vive activité commerciale qui s’y déployait et contribuait au fleurissement urbain. Autour de la grande place, les étalages fumants des taquerias, la plupart étalent aussi une télé pour ne pas perdre un seul épisode de la dernière «novela» où des femmes blondes pleurent leurs amours et se font persécuter par des ennemis impitoyables sous les yeux noirs des mixtèques basanés pour la plupart.

SAMEDI, LE 10 NOVEMBRE – le matin, jour de tianguis (marché en nahua), après un déjeuner réconfortant, (même si le café mexicain me semble trop léger, les «enfrijoladas» farcies d’oeufs ont beaucoup compensé) nous nous trouvions dans l’amphithéâtre d’une école secondaire à côté des enfants-écrivains lauréats pour une autre lecture. Une fille de 13 ans nous a lu un poème dédié à son père, à qui elle pardonne après tout qu’il battait la mère, qu’il s’occupait de son commerce plus que de ses enfants et qu’il ne se mêlait pas des dépenses à la maison. Les nombreux enseignants qui sont restés pour l’atelier nous ont fait nous repartir dans deux groupes. Dans le mien un monsieur s’est mis à pleurer lors de l’exercice de descente dans la mémoire, car il avait fait revivre le souvenir de la mort de sa mère. Les gens mettaient leur âme sur table avec une innocence désarmante. Encore un fleuve de beaux mots, de regards brillants de la joie de partager. À la réunion qui fermait l’atelier, on nous a même lu des poèmes en mixtèque. Quelle expérience!Après un repas au poulet piquant que j’ai généreusement garni d’haricots noirs (qui allaient me tourmenter par la suite), nous avons fait un tour du marché, en admirant l’abondance des fruits, la variété des chilis et des vêtements qui se rangeait des plus traditionnels au plus généralisés. J’ai acheté des blouses brodées pour moi, ma mère et ma sœur. Même les Mexicaines ont cédé aux charmes des couleurs et du travail à la main. Arrêt obligatoire dans un magasin de pots et autres articles de cuisine où on vend plus ou moins officiellement des «compuestos» - alcools obtenus d’un mélange de fruits et mezcal 50 %, fait de pur maguey (espèce d’agave). Après en avoir goûté trois ou quatre, nous décidons emporter celui de membrillo (une espèce de coing, en plus petit) et de capulin (semblable à la mûre). À peine une heure plus tard – récital dans la belle Maison de la culture, récemment rénovée, dans une salle presque pleine qui nous a retenu pendant trois heures avec des questions sur la poésie, nos racines et sources d’inspiration, occasion pour moi de parler de la dictature communiste en Roumanie qui a marqué mon enfance et adolescence et du monde multiculturel dont je m’imbibe chaque jour à Montréal, où se côtoient Québécois, anglophones et immigrants de tous les coins du monde. Le souper tardif m’a retrouvé tordue par les haricots de l’après-midi, j’ai pu à peine goûter au pozole – soupe de poulet et maïs blanc à laquelle on rajoute de la laitue, des radis et oignon frais et du jus de lime. Je n’ai pas pu donc faire la fête avec les compuestos de membrillo et capulin avec Antonieta, Lizbeth, Karen, Carmen, Yamile, Lola et Angél.

DIMANCHE, LE 11 NOVEMBRE - le matin, avant de repartir à Huajuapan, on nous a encore offert du pozole (à 9 h!) dans l’accueillante maison de Eufemia. Je me suis contentée du pain de yema (délicieux petits pains sucrés aux jaunes d’oeufs), fromages locaux et chocolat à l’eau. À 10 h – émission duplex avec la Floride à la Radio Mixteca, petite lecture rapide, puis émission pour les adolescents, traitant de la tolérance, que celles de nous qui ont parlé ont fortement critiqué comme concept comprenant une acceptation forcée, on tolère ce qu’on ne peut pas éviter. Lola a parlé de l’Espagne qui a donné des immigrants et maintenant en reçoit, pas toujours gentiment, j’ai parlé des accommodements raisonnables au Québec, Yamilé des populations indigènes du Méxique. À la sortie un monsieur zapotèque nous attendait pour faire notre connaissance avec ses deux filles et a offert 50 $ à Angél pour nous offrir le dîner, que nous lui avons cédé pour tous les repas déjà offerts. Finalement – de retour à Huajuapan de Léon, à peine changée j’ai couru à la réunion de travail du Musée régional, après un repas dans un jardin sous les orangers et les hibiscus, entourées par des cages remplies d’oiseaux, nous nous sommes rendues à 19 h au Parc de l’Indépendance pour un autre récital, animé aussi par un groupe de danses folkloriques et la voix envoûtante de Gabriela. Petit incident final – une poète d’origine mixtèque, Betty Cariño, nous a raconté qu’on ne la laissait pas lire, puis est montée sur scène toute seule, toute fière, en nous lisant deux poèmes très engagés et très bien reçus, l’un dédié aux femmes de Oaxaca, l’autre aux immigrants qui essayent de passer la frontière aux Etats-Unis. Elle nous avait raconté qu’elle était «luchadora social » (guerrière sociale) auparavant. Beaucoup d’entre nous se sont senties solidaires à ce moment-là. Moi et Oana, l’autre montréalaise et colocataire temporaire, attendions la fin pour aller à la maison goûter au mole, plat typique de la zone que je n’avais essayé auparavant que dans des restaurant, sauce faite avec du chocolat amer, plusieurs espèces de chili, amandes, sésame, sucre, autres herbes et épices qui lui donnent une saveur inimitable. Il avait été préparé par la mère de Pedro, notre amphitryon, car sa femme, venant d’une autre zone, ne maîtrisait pas tous les secrets.

LUNDI, LE 12 NOVEMBRE - partagé entre une magnifique école secondaire, érigée dans une zone verte et fleurie et autre session de travail (à vrai dire pas très fructueuse). Puisque dans l’école il y avait 18 classes, à chacune des 14 qu’on était nous a touché de faire l’atelier toute seule. Moi, une Roumaine de Montréal, devant toute une classe de Mexicains, leur parlant en espagnol de la poésie, en essayant de les stimuler, de les faire écrire! Ouf, quel soulagement, environ la moitié ont lu leur production, et cinq étaient à retenir. À la lecture commune dans la grande cour deux de «mes» enfants ont partagé leurs mots avec les autres – quelle joie! Oana avait fait un exercice fort intéressant, en leur donnant un poème en roumain qu’ils ont «traduit» selon l’inspiration, en reconnaissant à peine quelques mots. Tous des poèmes différents! Soirée spéciale aussi, une vingtaine d’entre nous réunies dans un bar, en partageant nos poèmes, mais aussi en chantant ou en jouant de la guitare. Moments uniques. MARDI, LE 13 NOVEMBRE – dernier jour dans la Mixteca, le matin dans une autre «réunion de travail» plutôt administrative, en parlant du voyage de retour à Mexico, à midi dans l’Université Technologique de la Mixteca, très réputée, devant un public plus mûr et éduquée, tout aussi attentif et intéressée, à peine une dizaine d’entre nous avait lu ses poèmes, mais l’organisateur Emilio Fuego a demandé à quelques-unes qui étaient dans la salle de partager leurs impressions. J’ai pu donc raconter à quel point il est merveilleux de partager, de donner et recevoir, combien nous nous sommes enrichies parmi les mixtèques et combien pèsent les mots qui sont à nous tous et nous sommes libres de prodiguer aux autres. Après une dernière «réunion», je me suis promenée un peu avec Oana, en prenant des photos, en regardant les magasins d’artisanat, les églises, le marché, les montagnes et en commentant les expériences vécues, si intenses, parmi ces gens simples, sensibles et chaleureux. Le soir nous avons soupé une dernière fois avec Pedro, Flor et leurs quatre enfants – quelle famille exemplaire! Nous avons parlé du Mexique, de la pauvreté et la richesse, la Roumanie, le Canada, ils nous offert de la céramique de Oaxaca, du mole à préparer et du mezcal artisanal, car on était dans ses terres, la famille de Pedro étaient de mezcaleros par tradition. Lui, il est agronome et sociologue, s’occupe de la terre et des gens, que peut-on demander de plus? MERCREDI, LE 14 NOVEMBRE – réveil forcé à 6 h 30, départ à 7 h 15…arrêt à 7 h 45 pour un déjeuner d’adieu presque dans les champs, offert par le gentil Don Paulino et sa femme, qui ont des parents à Toronto, qu’ils ont déjà visité (la pauvreté pousse beaucoup de mixtecas de quitter leur terre). Une abondance de tortillas, oeufs, sauces, chocolat, thé, café, tout préparé selon les traditions. Des dindes couraient au loin (pavo en Espagne, guajolote au Mexique, sa patrie), parmi les plantes d’agave. Finalement, on a repris la route vers 10 h pour arriver à l’hôtel à 17 h 30 – récital au Palais des Beaux Arts programmé à 19 h. En passant en bus à côté du Palais on a pu «admirer» une manifestation nudiste, dirigée contre le Sénateur Dante Delgado Rannauro, «oppresseur des paysans». La photo de l’inculpé couvrait certaines parties du corps que je m’abstiens de nommer. Après - la course folle pour une dernière fois, lecture éclair de 50 poètes (certaines étaient rentrées déjà). Alex et Ada, parents de mon amie équatorienne Karla, résidante de Montréal aussi, étaient dans l'auditoire. J’ai suivi leurs réactions à travers leurs visages, tantôt amusés, tantôt touchés, tantôt surpris (il y avait des poèmes érotiques au vocabulaire très direct). Ils habitent Mexico, alors avec Lola la española, Oana, son copain arrivé de Montréal et Maria-Luisa (franco-espagnole, professeure à New York) nous avons atterri émerveillés ensemble au somptueux Café Sanborn «Casa de los Azulejos» – somptueux édifice du XVIe siècle, ancien palais du Marquis del Valle de Orizaba, exhibant une magnifique peinture murale, des poutres et des couleurs sur les plafonds et admirables carreaux de faïence peinte (azulejos). On a profité pour déguster une traditionnelle margarita et un goûter. Décidément, les desserts ne sont pas le fort de la cuisine mexicaine! De retour à l’hôtel, moi et Maria-Luisa cherchions un endroit pour une dernière bière et avons embarqué avec Carmen la méxicaine et Gabriela la chicana de California en direction de «Rio de la Plata», bar relax à l’ambiance étudiante où nous avons retrouvé autres «compañeras poetas» profitant des bières Bohemio, Indio et XX (dos equis!) à 1,10 pesos (1 dollar! Viva Mexico!). Les discussions pour et contre le programme chargé et le manque d’orientation versus les rencontres merveilleuses entre nous et avec les communautés nous ont retenu jusqu’à minuit passé. Nous avons quitté en pensant à la matinée qui sera notre seul temps libre au Mexique. JEUDI, LE 15 NOVEMBRE – la course touristique avec Maria-Luisa et Brenda (Mexicaine de Morelia, Michoacan). Retour photo au Palais de Beaux-Arts, hélas, les visites individuelles ne sont pas permises et celle programmée à 13 h était trop tard pour nous. La Casa de los Azulejos encore, puis le Zocalo (la Place principale dans toute ville mexicaine), pour la Cathédrale – que j’ai trouvé ravissante, bel exemple du foisonnant baroque mexicain, une fois de plus, accès interdit au-delà d’une certaine limite pendant la messe (franchement, quelle malchance!) et le Palais du Gouvernement où nous avons vu une partie des peintures murales de Diego Rivera remémorant la période pré-hispanique et un montage très kitsch illustrant la Fête des Morts. Nous avons pensé ne pas avoir le temps pour le musée du Templo Mayor (le Grand Temple), on juste regardé les quelques pierres restées debout, décorées encore de têtes de serpents fabuleux. Les yeux pleins de couleurs nous avons fait un petit tour dans les vieilles ruelles autour du Zocalo, comme Calle de la Moneda. Des poupées nues, des uniformes de police et écolières, des vêtements de poupée, des tacos, des culottes, des peignes et des brosses, des chaussures bon marché, jusqu’à un bonhomme de neige gonflable, le tout accroché aux murs des édifices anciens, sous les yeux d’un Christ statufié au coin de la rue. Le surréalisme en fleur. Malheureusement on a du finir vite notre balade, car les avions n’attendent pas, même pas après les poètes des nuages. Pour finir en beauté - le taxi nous a coûté 60 pesos, un peu moins de 6 $. Je fis mes adieux à Ixtaccihuatl lui promettant de revenir…un jour.

FONTE (PHOTO INCLUDE): Cyberpresse - Montréal,Québec,Canada

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