domingo, abril 12, 2009

CHARLES BUKOWSKI OU LA CHRONIQUE D'UNE DAMNATION


CHARLES BUKOWSKI OU LA CHRONIQUE D'UNE DAMNATION

par Gilles Côté

Nuit blanche, numéro 114, avril 2009

Charles Bukowski (1920-1994) a été marginalisé très jeune par un père excessivement strict, violent et autoritaire, ainsi que par son voisinage en raison de ses origines allemandes. Dès lors, il développe un regard critique - sinon négatif, désabusé - sur l'humain. La solitude créée par cette distance l'amène tôt à lire, à écrire, à acquérir une vision personnelle du monde, à dénoncer la bêtise humaine, tout ce qui semble relever du conformisme aliénant, d'idéologies dominantes, sclérosées ; il représentera ainsi l'« autre Amérique » par des textes décapants au style dépouillé, qui atteignent, souvent, de curieuses et inquiétantes profondeurs…

La récente édition d'une partie des œuvres de Charles Bukowski, Journaux, souvenirs et poèmes1, est une sorte de prolongement d'Avec les damnés (Grasset, 2000), qui nous offrait de larges extraits percutants - prose et poésie - de l'aventure bukowskienne. La vision du monde qui se dégage du dernier ouvrage publié est surtout alarmante, sinon horrifiante. On trouve, ici, les thèmes chers à l'auteur : la solitude, la marginalité assumée par l'écriture, l'alcool, la musique classique, le sexe, les courses de chevaux… Et surtout la critique virulente de soi et du genre humain, et cela, sans aucun espoir de rédemption. « Toute cette humanité en marche ! Vers où se dirige-t-elle ? Que pense-t-elle ? Ne sait-elle pas que nous courons tous à la mort ? Quelle mauvaise farce ! Voilà qui devrait nous faire aimer notre prochain, mais, non, on s'y refuse. Les banalités quotidiennes nous accablent et nous terrorisent, et le néant nous dévore. » Le ton est donné. Né « ici et maintenant » - Born into this - sans rien d'autre que sa propre souffrance, la misère de l'être humain sans appel… sans aucun recours, si ce n'est celui d'une certaine poésie du quotidien, d'une « transcendance » ne dépassant guère la souffrance propre à l'humain : celle d'être tout simplement LÀ, carrément jeté dans un monde hostile comme si on y était de « trop », mais « tout » à la fois. Nous serions comme les otages de notre propre condition : « [L]'angoisse peut tuer / ou / l'angoisse peut soutenir la vie / mais la paix est toujours terrifiante / la paix est le pire de tout ». L'auteur ajoute, presque débonnaire : « [J]e suis désolé pour nous tous ou content pour nous / tous / qui sommes prisonniers vivants et paumés ». C'est l'écriture, comme le répète souvent Bukowski, qui l'a amené à se tracer une ligne de vie, du moins, à surnager. « [D]urant des dizaines d'années, j'ai écrit dans des trous à rats, dormi sur des bancs publics, hanté les bars, exercé les boulots les plus crades, sans jamais m'arrêter d'empiler les pages, et l'un dans l'autre le résultat a toujours correspondu à ce que je recherchais, à ce que je ressentais. On a fini par m'éditer, par me lire. J'aurais pu changer de manière, je m'y suis refusé. Au contraire, j'ai continué, continué, jusqu'à en perdre la raison, persuadé que je me devais de comprendre pourquoi il me fallait mener cette vie de con. » Que ce soit dans les chroniques d'Open City (1969) qui ouvrent cette anthologie ou dans Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau, publié après la mort de l'auteur en 1998 par sa compagne Linda Lee Bukowski, nous avons l'impression d'être en présence d'un même point de vue sur l'aventure humaine : celui d'une « immédiateté » sans signification, d'une « folie ordinaire » nous projeta.

FONTE (foto incluída): Nuit Blanche (Abonnement) - Québec,Québec,Canada
FOTO: Charles Bukowski : photo ©M. Monfort

Um comentário:

  1. Gostei de visitar o seu sítio.
    Voltarei mais vezes.
    Nos novos poetas brasileiros,com alguns prémios ganhos,deixo-lhe uma sugestão:Gerson Deslandes.
    Além de muito bom músico,é um muito bom poeta.
    Boa Páscoa.

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