El mwassouess ou le malade qui ne l’est pas
La Presse Publié le 01.08.2008
La Presse Publié le 01.08.2008
Encore une fois, le théâtre a été à l’honneur à Carthage; encore une fois, le public a déserté. Sauf que, de mémoire de festivalier, il arrive au quatrième art d’attirer la foule par milliers :la troupe du Nouveau Théâtre, la troupe du Maghreb Arabe, Lamine Nahdi en solo, Raouf Ben Yaghlane ont reçu cette gratification d’un public dont les goûts et les centres d’intérêt, comme l’époque, ont changé. Egalement, pour applaudir le dramaturge syrien Douraïd Laham avec son œuvre de renommée panarabe Ala nakhbek ya watan (à ta santé, patrie), les Tunisiens s’étaient déplacés, alors, massivement.
Sauf qu’une poignée d’inconditionnels persiste et signe. C’était le cas en ce dimanche soir 27 juillet, les spectateurs dessinant un croissant humain sur les gradins suspendus sont venus pour suivre Le malade imaginaire dans une mise en scène bien de chez nous, signée Mohamed Driss.
C’est une œuvre classique portée sur la scène rocheuse de Carthage, la dernière comédie écrite par Molière et représentée par sa troupe en 1673. La pièce est célèbre, entre autres, pour avoir créé le personnage type du faux malade : Argan, Si Alaya dans sa déclinaison tunisienne. Quelques siècles plus tard, l’œuvre traduite par Taïeb Jalouli est jouée par la troupe du Théâtre National.
C’est l’histoire d’un homme sain de santé, hypocondriaque à l’extrême, riche de surcroît. Le personnage a été campé par Slah Msaddek. Il est berné par une femme, Nedra Toumi, qui l’entoure de tous les soins et attend sa mort pour l’hériter, et trompé par ses médecins qui lui appliquent des saignées et des purges en lui administrant toutes sortes de combinaisons végétales singulières.
Un quiproquo somme toute sympathique se noue à travers les événements pour se dénouer, comme le veut le genre, par un événement heureux. Quant à la répartition dualiste, elle est classiquement distincte. Le clan des méchants est représenté par l’épouse cupide, l’avocat véreux et les médecins pédants. En face se démène le camp des bons : la fille amoureuse et ingénue, son chevalier pauvre et amoureux sans être bête, et les serviteurs éveillés et loyaux.
C’est le pivot de l’histoire, tout le reste n’est que de la littérature, et de la bonne. C’est que le texte reproduit en dialecte tunisien est consistant par un vocabulaire riche et des phrases bien tournées. Une pointe d’humour ponctue plusieurs passages. Aussi, ne sont pas rares les fois où le public a ri de bon cœur.
Une multitude d’acteurs investissent la scène. Des visages connus pour avoir joué régulièrement à la télévision, Jamel Sassi et d’autres moins connus emplissent une scène régulièrement agitée. La musique de Hamadi Ben Othman, assourdissante par moments, est partie prenante de l’œuvre et accompagne les scènes de bout en bout. La gestuelle des comédiens est prononcée devant un public pris à témoin. Des regards entendus et des paroles complices émaillaient les tirades des personnages presque tous sympathiques. Sauf quelques-uns, tels le médecin et son fils, ou encore le frère qui pèchent par une certaine balourdise, voire cabotinage. Leur jeu appellerait plus de fignolage.
En revanche, du début à la fin, le rythme de la pièce est soutenu autant par la succession des événements que par les apparitions des comédiens sur la scène, c’est un point fort. Le chant et la danse ont animé le spectacle, quoique l’intermède surtout dansé se trouve un brin forcé. Ce n’est pas la première représentation, ici théâtrale, une autre fois musicale où on incruste une chorégraphie sans lien ni profond ni apparent avec l’essence du spectacle. Sinon, oui, le ballet existe dans la version originale, mais ce n’est pas une raison de greffer ces acrobaties rythmées.
Tout juste moyenne dans son ensemble, Le malade imaginaire, ou encore El mwassouess local, est une pièce qui procure un bon moment, sans plus.
FONTE (photo include): Jetset Magazine - Tunis,Tunisia
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