sexta-feira, novembro 30, 2007

Judo: sourd et non-voyant, mais bien présent

Imacom, Frédéric Côté
Le jeudi 29 novembre 2007
Judo: sourd et non-voyant, mais bien présent
Pierre Turgeon
La Tribune
Sherbrooke

Le non-initié qui se présente à l'entrée du club de judo To-Hakukan, trouve rapidement un groupe d'athlètes réunis sur le tatami et chacun semble à ses affaires comme cela doit se passer dans tous les clubs de judo.
À première vue, il n'y avait rien de spécial dans le dojo du vétéran Marcel Morissette qui nous avait convié à l'entraînement de soirée. Je savais que je devais rencontrer un ou des athlètes atteints de divers handicaps, dont au moins un non-voyant.
Venu à ma rencontre, Marcel Morissette identifie les deux athlètes en kimono bleu et commence à me renseigner sur Louis-Olivier Théroux. Il me présente aussi sa mère qui assiste à l'entraînement. Un peu plus loin, Guillaume Bellemare-Proulx travaille quelques prises avec d'autres judokas.Le temps qu'on me dresse un court portrait des deux nouveaux élèves, venus au judo au début de l'automne, Louis-Olivier et son interprète s'approchent. Il veut comprendre ce qui se passe. Louis-Olivier a saisi qu'on parlait de lui et, s'adressant à sa mère, demande à participer à la conversation.
J'ai rapidement compris qu'on pouvait être en présence d'un athlète sourd et non-voyant, mais qu'on ne pouvait parler de lui à son insu. Louis-Olivier est vite entré en contact et, avec l'aide de son interprète, Manon, s'est prêté avec une grande simplicité à l'entrevue.
Depuis quelques jours que je me demandais comment une personne sourde et aveugle (on évite de dire muet parce que Louis-Olivier sait se faire comprendre par ses proches, m'a expliqué sa mèrepouvait s'exprimer même avec un interprète. Je connaissais le langage signé des sourds, mais pour les aveugles... "En posant la main sur celle de l'interprète qui parle en signes, il comprend ce qu'elle lui dit, confie sa mère. Plus jeune, il voyait et il lisait sur les lèvres, mais aujourd'hui sa vue ne le permet plus, même quand son interprète lui parle d'aussi près.
"Plus jeune, il avait d'ailleurs fait un peu de judo, du vélo, du basket-ball, de la natation et même du ski alpin où il excelle."
Je fais du judo pour me sentir plus en sécurité lorsque je sors seul à l'extérieur, mais aussi pour la forme physique et pour le contact social que cela apporte" avance d'entrée de jeu le jeune homme de 23 ans, inscrit à un bac multidisciplinaire à l'Université de Sherbrooke. "Bientôt, je changerai, j'irai en psychologie."
Loin d'être démuni, le jeune homme aime bien s'entraîner avec des judokas plus expérimentés. "Parce que c'est plus facile avec le corps de comprendre les mouvements." Dans son cas, la perception des techniques doit être tactile et non pas visuelle. Plus le mouvement est fluide, plus simple est-il à saisir, laisse entendre Marcel Morissette.
Et la compétition?
Ne vous en faites pas pour Louis-Olivier ni pour Guillaume. Ils ont déjà participé à leur premier tournoi. Un troisième judoka, voyant celui-là, était aussi de la compétition. Louis-Olivier a eu le meilleur sur Guillaume, mais tous deux se sont blessés légèrement dans leur deuxième combat et se sont avoués vaincus.
"J'aime la compétition", reprend Louis-Olivier qui espère un jour obtenir une ceinture noire. "J'aimerais même devenir professeur," glisse-t-il en parlant de ses relations avec les autres élèves du groupe qu'il a pu rejoindre il y a peu de temps. "Je me sens bien intégré et j'apprends. Ça me fait aussi toujours plaisir quand je peux aider les autres avec ce que je sais."
Louis-Olivier a été le premier à se présenter au club To-Hakukan. Il a convaincu son ami Guillaume de l'accompagner pour lui servir d'interprète.
"Je n'ai pas été trop difficile à convaincre. J'ai trouvé les cours intéressants. J'ai bien réfléchi et j'ai décidé de suivre", confie Guillaume Bellemare-Proulx, via l'interprète."
Moi, ce sont les techniques des clés de bras que j'apprécie le plus. Le judo me fait bouger et améliore ma condition physique. Et je suis content de savoir que je pourrais me défendre si ça devenait nécessaire."Défait par son compagnon dans leur premier tournoi, Guillaume ne répond pas lorsqu'on lui demande s'il envisage un jour de vaincre Louis-Olivier. "Je préfère combattre les gens que je ne connais pas parce que je m'entraîne toujours avec Louis-Olivier. Vaincre quelqu'un d'autre, ce serait bon pour le moral."
FONTE: Cyberpresse - Montréal,Québec,Canada

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