segunda-feira, março 17, 2008

Bukowski, poète de l'Amérique d'en bas


Bukowski, poète de l'Amérique d'en bas
LIVRES 00h05 Une bio et un recueil de poèmes rappellent l'immense écrivain qu'il était.

Les Etats-Unis enfantent deux sortes d'ivrognes. Les premiers découvrent Dieu, s'installent à la Maison-Blanche et parlent le langage des armes. Les seconds vivent dans des chambres d'hôtels minables, déclenchent des bagarres de rues et trouvent une forme de rédemption dans l'écriture. Entre l'Amérique de George Bush Jr et celle de Charles Bukowski, disparu en 1994, il existe un fossé plus large encore que le Grand Canyon.
Une minutieuse enquête
On le vérifiera une fois encore en lisant la biographie Charles Bukowski, une vie de fou, et le recueil de poèmes Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines publiés récemment par les éditions du Rocher. Deux ouvrages - le premier signé Howard Sounes - venant à point pour rappeler que le rêve américain est quelquefois nauséeux et que Bukowski en restitua avec une intensité rare les plus amères saveurs.
Peu à peu, l'auteur de Women glisse des strapontins étroits de la culture underground vers le statut, sinon plus respectable, du moins plus enviable, d'auteur majeur de la littérature nord-américaine. Après tout, ce n'est que justice. Le vieux Buk détestait les écrivains de la Beat generation, à l'exception cependant de Neal Cassady et de William Burroughs. Son estime, il la réservait à Ernest Hemingway ou à John Fante.
La reconnaissance, quoi qu'il en soit, aura mis du temps à s'installer. Si le cinéma - notamment au travers de Barfly de Barbet Schroeder - a beaucoup fait pour la notoriété de Bukowski, ses admirateurs ont patiemment défriché la voie des années durant.
La particularité d'Howard Sounes, c'est sans doute qu'il n'a jamais échangé un verre avec son sujet. Son livre, publié pour la première fois en 1998 aux Etats-Unis, reste pourtant une référence. Le biographe a en effet mené une minutieuse enquête de plusieurs années auprès des proches, des amis et de la famille de l'écrivain.
Pour le coup, Howard Sounes règle leur compte à quelques légendes tenaces: Bukowski a été publié plus tôt qu'on ne le croit (dès 1946, aux côtés de... Sartre, Garcia Lorca et Genet!) et il savait à l'occasion gérer ses économies. On apprend également que son père - qu'il détestait - se fit passer pour lui et que la jeune femme qui inspira le personnage joué par Faye Dunaway dans Barfly s'appelait Jane Cooney Baker.
Force pétrie d'humanité
C'est la première fois, d'ailleurs, qu'une photo du grand amour de l'écrivain est publiée dans un livre. Lequel comporte une riche iconographie ainsi que de nombreuses notes. Voilà donc pour la vie du clochard chéri des muses.
Quant à son oeuvre, les traducteurs se sont jusqu'alors surtout attachés aux romans et nouvelles. Les jours s'en vont... permet de (re)découvrir la part la plus fulgurante de l'écriture de Bukowski. Ici, pas de fioritures ni d'effets de style: la poésie de l'auteur claque comme une plaque d'égout qui retombe sur une galerie de miasmes. C'est ce qui lui donne sa force, par ailleurs pétrie d'humanité. Une poésie pituitaire, immédiate et vitale, qui n'est jamais aussi pudique que quand elle lève ses jupes. Et qui, à sa manière, métaphorise ce qui est écrit au début de cet article: «mourir les bottes aux pieds/en écrivant de la poésie/n'est pas aussi glorieux/que descendre Broadway/à cheval/avec un bâton de dynamite/entre les dents/...»
Charles Bukowski, Une vie de fou, d'Howard Sounes. Ed. du Rocher. 389 p.
Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, de Charles Bukowski. Même éditeur. 238 p.

FONTE (photo include): Tribune de Genève - Switzerland

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